Avec des peaux d’avocats, feuilles de thé ou fanes de carottes, on obtient des vieux roses, beiges-orangés ou jaunes vifs : ces teintures végétales d’il y a 5.000 ans sont réinventées version XXIe siècle avec un “Récupère-couleurs” imaginé par la manufacture de mode Rosa Tapioca.
Lancée il y a 4 ans par la créatrice de prêt-à-porter féminin Aurélia Wolff, la “manufacture” privilégiait déjà les tissus bio, les fabricants de coton, lin et soie français et européens.
“Je m’intéressais depuis longtemps à la teinture végétale et je voulais rester dans une logique de proximité”, explique la styliste-créatrice dans son petit atelier jonché de tissus, robes, chemisiers et patrons, dans le 17e arrondissement de Paris.
L’idée du “Récupère-couleurs” a germé lors de la rencontre avec un jeune ingénieur textile, Mathieu Sandana, qui a étudié l’histoire des teintures végétales, très résistantes au temps comme en témoignent les tapisseries et costumes anciens dans les musées.
Apparue au XIXe siècle, la teinture chimique, à base de pétrole, a évincé les méthodes traditionnelles car elle permettait aux industriels d’aller plus vite. Mais elle est très gourmande en eau et comporte beaucoup de risques pour les ouvriers et l’environnement, des scandales régulièrement dénoncés par les ONG internationales, rappelle-t-il.
“Nous on veut le faire plus lentement, en partant de matières organiques recyclées et en réutilisant l’eau pour les bains de teinture en les diluant de plus en plus”, explique-t-il.
Toujours dans un souci de donner la priorité à des circuits de proximité, Aurélia Wolff a démarché des “fournisseurs” dans son quartier. “Le restau mexicain du coin fournit les peaux d’avocats, la maraîchère les fanes de carottes, les pelures d’oignons et feuilles de rhubarbe, la fleuriste offre les pétales de roses, le bistrot nous laisse le marc de café et les feuilles de thé par exemple”, énumère-t-elle. Et, fin du fin écologique, après avoir extrait le pigment de ces “déchets”, on peut même composter les résidus.
Six fois moins d’eau
Les premiers essais artisanaux sont concluants. “Sur la soie et le lin le pigment d’avocat donne des teintes vieux rose ou bois de rose, le thé un beige- oranger, le marc de café des sable-taupe”, détaille la styliste. “Pour un tissu de soie de deux mètres de long, il faut les peaux d’une dizaine d’avocats mais avec notre machine on arrivera à de meilleurs taux”, souligne l’ingénieur.
Le “Récupère-couleurs” qui devrait sortir début 2013 selon lui, fonctionnera avec cinq fois moins d’énergie, six fois moins d’eau que les teintures chimiques.
La machine est actuellement mise au point au FabLab (Fabrication Laboratory) de l’Université de Cergy Pontoise. Ce concept américain fraîchement débarqué en France met à disposition de tous des outils de haute technologie pour favoriser les nouvelles idées. “Seule contrainte, il faut partager sa technologie, ce qu’on fera sur notre site internet dye-lab.com”, promet l’ingénieur.
Le procédé sera testé par un laboratoire indépendant pour répondre aux normes sur la résistance optimale au lavage, à la transpiration, à la lumière.
Question budget, la petite équipe en a appelé au financement participatif pour lever 1.600 euros, avec des contreparties selon l’ampleur des dons à partir de 5 euros. Dimanche, à cinq jours de l’expiration du délai, l’objectif était atteint à 76%. “Si on n’arrive pas à 100%, on rembourse intégralement les dons”, assure Aurélia Wolff.
“L’idée c’est d’intégrer la teinture par le +Récupère-couleurs+ dans ma collection de vêtements en 2013, car il y a un public très réceptif à la mode eco-responsable”, conclut-elle.
Source - TV5
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