Une image satellite prise le 27 juillet de la baie d’Alger montre clairement une étrange couleur verte qui envahit une partie de la côte. Il s’agit probablement d’une pollution chimique ou d’une prolifération d’algues microscopiques. L’origine de ce phénomène reste inconnue. Comme il n’existe pas de mécanisme d’alerte, cette «eau verte» risque de faire des ravages en silence. Déjà, l’installation d’une station de dessalement de l’eau de mer aux portes d’Alger n’a jamais fait l’objet d’un débat public sur les dangers que peut constituer la saumure rejetée dans l’écosystème marin. Voilà que des substances chimiques ou biologiques, probablement néfastes, «colorent» la baie d’Alger dans l’indifférence totale.
A Oran, ville aussi polluée qu’Alger ou Constantine, 50% des huiles usagées sont tout simplement déversées dans les réseaux d’assainissement. L’information est rapportée par l’APS. Pourtant, la collecte de ces huiles, classées «déchets spéciaux dangereux», est gratuite. Mais les usines et les stations de lavage-graissage déversent leurs rejets huileux dans les réseaux d’évacuation sans aucune conscience, alors que la loi l’interdit.
Une partie de ces sales produits va en terre agricole puis en mer, avec toutes les répercussions désastreuses que l’on peut imaginer dans le futur. Déjà, il est déjà difficile de se débarrasser de l’huile de table lorsqu’elle s’étale sur le sol, qu’en est-il des huiles de graissage ? Il ne suffit donc pas d’avoir une loi répressive pour que les normes environnementales soient respectées par les industriels, les hôpitaux et les agriculteurs. Il n’y a qu’à visiter les zones industrielles, à l’intérieur du pays, pour constater l’ampleur de la catastrophe. Des produits de haute toxicité chimique, comme le chrome ou le mercure, sont déversés aux alentours de ces zones sans aucune mesure de prévention.
Selon des données officielles, l’Algérie produit annuellement 13 millions de tonnes de déchets durs et liquides. L’amiante, produit cancérigène, est toujours présent dans certaines structures, alors que des plages algériennes sont devenues des dépotoirs à ciel ouvert. Même les forêts n’échappent pas à l’envahissement des ordures. Autant que les villes où les sachets en plastique bleu et blanc ont remplacé… les sachets noirs. L’incivisme et l’absence de culture écologique font que la nature est souvent agressée. Et la pollution a un coût financier lourd.
Annuellement, l’Algérie dépense presque deux milliards de dollars dans le programme de protection de l’environnement. Il existe même un plan national de gestion intégrée des déchets. Qu’en est-il sur le terrain ? Des sanctions sont-elles prises contre les pollueurs ? Le système sécuritaire et judiciaire algérien est toujours dans l’incapacité de s’adapter aux impératifs écologiques. La protection de la nature est perçue comme une action secondaire. L’Algérie ne s’est dotée d’un cadre juridique de gestion des déchets dangereux qu’en… 2011. Il est évident donc que le mal est déjà fait. Ce n’est pas une raison pour ne rien faire pour protéger la nature et laisser «quelque chose» de propre aux futures générations.
Fayçal Métaoui El watan
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