L'heure du grand ménage va bientôt sonner. Avec des rafales de vent de 80 km/h annoncées pour cette fin de semaine par MétéoConsult et le net rafraîchissement des températures nocturnes constaté depuis plusieurs jours, les feuilles mortes ne vont pas tarder «à se ramasser à la pelle». Pour l'instant, la plupart restent solidement accrochées aux arbres qui, du coup, tardent à prendre leur somptueuse livrée automnale.
Ce n'est pas la première fois, ces dernières années, que bois, bosquets et vergers gardent leur chlorophylle si tard en saison. L'explication de cette nouvelle Toussaint «verte» est la suivante: la synthèse de la chlorophylle, ce pigment qui verdit les feuilles de la plupart des végétaux, s'arrête au fur et à mesure que les jours et les températures diminuent. Ce faisant, elle cède la place à d'autres pigments foliaires plus résistants au froid, les caroténoïdes, dont les teintes jaune orangé, jusqu'alors masquées par le vert, peuvent enfin se révéler. La douceur persistante qui a régné tout au long de ce mois d'octobre explique donc pourquoi nous allons devoir patienter encore un peu avant de pouvoir admirer la magie flamboyante de l'automne. Et retrousser nos manches pour ôter les tapis de feuilles qui risqueraient, à la longue, d'étouffer la pelouse…
Mais attention: une fois la corvée terminée, ne jetez pas ce que tout jardinier digne de ce nom devrait considérer comme un cadeau du ciel! En mettant vos feuilles mortes (mais aussi vos tontes de gazon…) à la poubelle, vous alourdissez la taxe communale sur l'enlèvement des ordures ménagères que vous allez payer ce mois-ci avec votre taxe d'habitation. En outre, vous serez contraint d'aller acheter à prix d'or (10 euros en moyenne le sac de 50 l qui s'échangeait à moins de 10 francs il y a une quinzaine d'années…) du terreau, fabriqué bien souvent à partir des déchets verts collectés auprès des particuliers. La double peine en quelque sorte! Seule exception: jetez systématiquement les feuilles d'arbres fruitiers et de rosiers surtout si elles sont parasitées (cloque du pêcher, rouille du poirier, tavelure…), afin de prévenir la propagation des maladies et réduire ainsi le nombre de traitements, qu'ils soient bio ou non bio.
● Pailler les plantes du potager
Les feuilles mortes sont idéales pour recouvrir les parcelles du potager que vous venez de bêcher à une époque où il est trop tard pour semer un engrais vert type moutarde ou phacélie. Or, un sol laissé nu en hiver a tendance à se tasser sous l'effet de la pluie surtout s'il comporte une grande proportion de limon. En plus de cet effet protecteur contre ce que les agronomes appellent «la battance», une couche de feuilles d'une quinzaine de centimètres fera une excellente «moumoute» pour les vers de terre et les micro-organismes qui vont accélérer sa décomposition et contribuer à enrichir la teneur en humus du sol. Enfin, en bloquant la lumière qui arrive en surface, les feuilles empêchent la germination et la prolifération des mauvaises herbes, en particulier si l'hiver est doux. Vous veillerez simplement, quand le soleil de mars dardera ses premiers chauds rayons, à ôter le reliquat de feuilles, s'il est encore épais, et à aérer le sol pour accélérer son réchauffement. Mais nous aurons l'occasion d'en reparler le moment venu!
● Protéger les plantations sensibles au froid
Les hydrangéas sont sensibles au froid.
Une bonne couche de feuilles aidera également les plantes vivaces frileuses à mieux supporter les rigueurs de l'hiver. C'est le cas des agapanthes, des hydrangéas ou des dahlias, si vous choisissez de laisser les tubercules de ces derniers en terre. Les bananiers cultivés dans les jardins du sud de la France pour leur aspect décoratif (à de rares exceptions près, cet arbre ne fructifie pas sous nos latitudes), apprécient également de garder les pieds bien au chaud, surtout si les températures devaient descendre très bas, comme ce fut le cas ces deux dernières années. Même chose pour les jeunes arbres, les haies récemment plantées ou encore les jeunes rosiers si vous habitez une région particulièrement gélive. Enfin, les légumes qui passent l'hiver dehors comme les poireaux ou les épinards ne dédaigneront pas un bon lit de feuilles placé dans l'entre-rangs.
● Compostez le surplus
Si vous avez beaucoup d'arbres mais des massifs de fleurs et un potager trop petits pour tout «absorber», mettez vos feuilles dans votre compost. Une fois décomposées, vous obtiendrez un terreau de qualité que vous incorporez dans votre sol au printemps
Chaque week-end, Marc Mennessier, journaliste au Figaro, ingénieur agricole et amoureux des plantes, vous livre ses conseils et astuces pour faire de votre jardin un Éden.
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