Une carte collaborative pour ramasser des fruits gratuitement
Falling Fruit, un site qui géolocalise les arbres fruitiers du monde entier, a été créé pour mettre à la disposition de tous les ressources naturelles. Mûriers, noyers, romarin, châtaigniers... Il suffit de laisser son smartphone dans sa poche et de lever le nez pour s'apercevoir que les arbres fruitiers sont autour de nous! En habitant en ville, on finit par oublier les ressources dont nous disposons pour nous nourrir. Mais même en plein centre-ville, il y a des arbres qui donnent des fruits qu'on peut ramasser! Pas de quoi se faire une compote sans doute, laissons ce privilège à la campagne, mais des tisanes et des salades de fruits, ce n'est déjà pas si mal... Falling Fruit est une carte collaborative, traduite en huit langues, créée en 2013 par des Américains. Elle répertorie les arbres fruitiers «publics» du monde entier. Chaque utilisateur peut contribuer à l'enrichissement de cette carte en ajoutant des arbres fruitiers. L'objectif: rendre accessibles à tous ceux qui le souhaitent les ressources naturelles.
«Dans ma ville, à Boulder (Colorado, États-Unis), il y a énormément de fruits, des pommes surtout. Chaque année, je pouvais en récolter 200 kg! Je ne pouvais pas tout consommer, bien sûr, j'étais déçu que cette magnifique ressource soit perdue», explique Ethan Welty, l'un des fondateurs du site.
Des fondateurs férus de glanage
De haut en bas: Jeff, Caleb et Ethan. Jeff s'est associé aux deux fondateurs.
En 2012, Ethan récupère un vieux pressoir à pommes. C'est ainsi qu'il commence à arpenter la ville pour chercher des pommes en libre accès. À Boulder, les pommiers sont aussi nombreux que les pigeons à Paris. Armé d'un carnet, d'un GPS et d'un appareil photo, il arpente la ville et s'aperçoit qu'il y a plein d'arbres fruitiers autour de lui. S'appuyant sur les données de la mairie, il prend des notes, réactualise les informations, vérifie tous les emplacements et arrive à se constituer une carte exhaustive des arbres fruitiers «publics» de Boulder. Puis il rencontre Caleb, un professeur d'informatique, féru lui aussi de glanage*. Grâce aux compétences en codage de Caleb, à celles d'Ethan en data (récolte de données) et à leur passion commune, Falling Fruit voit le jour en 2013.
Mais entre établir la carte de sa ville et la carte du monde, il y a un peu de chemin... Et pour abattre ce travail, il faut plus de deux glaneurs! Les mairies et les organisations locales contribuent à l'élaboration de la carte en partageant leurs données et chaque utilisateur peut apporter sa pierre à l'édifice. Aujourd'hui, on compte plus d'un million d'endroits, dans 104 pays et 5622 villes. Et chose incroyable, il y a 1798 espèces d'arbres fruitiers répertoriées! Une occasion de redécouvrir des espèces méconnues
Sur Falling Fruit, les Français ne sont pas avares en partage de données, bons deuxièmes derrière les États-Unis. Depuis la création du site en mars 2013, on compte plus de 53.000 visiteurs français, sur 744,433 en tout. En France, 571 endroits ont été ajoutés: des poiriers, des pommiers, des mûriers à Rennes, des noisetiers à Nancy, des mirabelliers, des grenadiers à Toulouse, des figuiers à Bordeaux, des néfliers du Japon, des amélanchiers, des micocouliers à Paris. Et bien d'autres encore. C'est une occasion de redécouvrir des espèces méconnues. Attention toutefois aux risques d'empoisonnement. Il faut bien se renseigner sur l'arbre avant de goûter le fruit!
Et quand on demande à Ethan s'il n'est pas un peu risqué de glaner des fruits en ville, à cause de la pollution, celui-ci est catégorique. «Il vaut mieux éviter de ramasser les fruits à côté des autoroutes, bien sûr, mais la plupart des arbres se trouvent dans les parcs. Si vous les lavez bien, les fruits ne sont pas plus pollués que ceux des supermarchés et ils ne sont pas aspergés de pesticides comme dans les champs!»
En termes de glanage, un petit rappel s'impose. C'est un droit ancestral qui consiste à récupérer de la nourriture gratuitement, soit dans les champs, soit à la fin des marchés, ou aux pieds des arbres fruitiers. Il y a des règles précises à respecter. Si vous êtes dans un espace public, sur un trottoir par exemple, vous pouvez ramasser le fruit s'il est tombé, mais vous ne pouvez pas le cueillir. Vous ne pouvez pas non plus escalader la haie de votre voisin pour remplir votre panier avec les fruits de ses arbres! En cas de doute, (et il n'est pas toujours évident en ville de distinguer l'espace public et privé) Ethan conseille de demander autour de soi, «ça peut engendrer des conversations intéressantes sur les arbres fruitiers»
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