Les vacances sont souvent l'occasion de faire de belles rencontres… botaniques. En visite dans la famille ou chez des amis vous pouvez tomber en arrêt devant une fleur magnifique que vous installeriez bien volontiers quelque part chez vous, dans votre jardin ou sur votre balcon, sous réserve que le climat et le sol lui conviennent. Ce peut être aussi, pour tous les déracinés de la Terre, et Dieu sait s'il y en a, l'envie de ramener avec soi une plante du pays ou de la région dont on est originaire et que l'on a du quitter sous la pression des circonstances, heureuses ou malheureuses, de la vie. La glycine quinquagénaire qui recouvre la façade de la maison familiale, le vieux rosier planté par le grand-père dont l'odeur vous enivre depuis l'enfance ou encore le figuier aux branches noueuses dont vous n'avez jamais oublié l'incomparable saveur de ses fruits gorgés de soleil: ces «madeleines de Proust» végétales peuvent, par la magie du bouturage ou du marcottage, se transporter, se dupliquer et se perpétuer quasi indéfiniment.
Boutures de cotoneaster. Crédit photo: Alan/anchorphotos/Creative commons.
Contrairement aux animaux, pour qui l'affaire est bien plus compliquée, les plantes ont en effet l'étonnante capacité de se reproduire par multiplication végétative, ou clonage, à partir d'une jeune tige, d'un tubercule (dahlia), d'un bulbe (tulipe, oignon), d'un rhizome (iris) et même d'une feuille (saintpaulia) ou d'un morceau de racine (pavot).
L'avantage, par rapport à la reproduction sexuée qui se traduit par un brassage de l'hérédité des deux parents (sauf pour les plantes autogames, comme le lilas, qui s' «autofertilisent»), est que l'on est sûr d'obtenir génétiquement le même individu. Lequel aura des caractéristiques (couleur des fleurs, forme du feuillage, qualités gustatives...) identiques à celles de sa «plante-mère».
Techniquement, le bouturage est à la portée de tous y compris si vous êtes jardinier débutant. Il suffit de prélever, sur la plante dont vous désirez obtenir une «copie», un tronçon de tige de l'année «aoûtée» -c'est-à-dire ayant commencé à fabriquer du bois, donc à se durcir- d'une vingtaine de centimètres de long en le coupant en biais, au moyen d'un sécateur bien affûté, juste sous un beau bourgeon.
Après avoir ôté les feuilles basses, la base de la bouture est enterrée sur 3 à 4 centimètres de profondeur dans un pot, un godet ou une caisse rempli d'un mélange de compost, de terreau et de terre de jardin . Arrosez copieusement mais délicatement pour ne pas bousculer les jeunes tiges ainsi apprêtées et compromettre leur reprise. Sous l'effet de certaines hormones naturelles, la lésion va cicatriser et former un cal d'où partiront de nouvelles racines. L'emploi d'hormones de bouturage, disponibles dans le commerce, accélère le phénomène. Mais on peut aussi bien faire sans…
Régénérer une souche vieillissante
Conservez vos boutures au chaud dans un chassis. Crédits photo: Anchorphotos/Creative commons.
Outre la possibilité de mettre le passé au présent, le bouturage permet de régénérer une souche vieillissante d'œillet par exemple ou de multiplier à peu de frais des arbustes à floraison printanière (althéa, cotoneaster, cornouiller, deutzia, weigelia, seringat, lonicera, corête du Japon, spirée…) dont vous projetez de faire une haie ou petit bosquet. Même chose avec les rosiers, les fuchsias et bien d'autres encore. Au printemps, il vous suffira d'installer ces clones à leur emplacement définitif après leur avoir fait passer l'hiver au chaud dans votre serre, votre châssis ou votre véranda.
De même, vous avez la possibilité de bouturer des plantes sensibles au froid (sauge, lavatère, coriandre vietnamienne ou Polygonum odoratum, pelargonium...) et de les mettre à l'abri pour en avoir de nouvelles au printemps suivant.
Naturel chez le fraisier, la mure ou la joubarbe, le marcottage est une seconde variante de la multiplication végétative. Cette technique s'applique aux plantes dotées de rameaux bas et souples comme la glycine, le figuier, la clématite ou le rhododendron. Elle consiste à enterrer en la fixant bien une partie de la tige à l'endroit où elle touche le sol pour lui faire émettre de nouvelles racines. Vous séparerez la marcotte du pied-mère au printemps ou à l'automne suivant, lorsqu'elle aura généré suffisamment de racines.
Avec un peu d'expérience, vous constaterez avec satisfaction (et pour le plus grand bien de votre porte-monnaie!) qu'il n'est plus nécessaire d'aller systématiquement à la jardinerie pour trouver de quoi embellir votre jardin, votre balcon ou même votre rebord de fenêtre.
Au verger
Traitez contre la moniliose.
Attaque de moniliose sur pomme. Crédits photo: Jacilluch/Creative commons.
Avec ce temps chaud et humide, il y a tout lieu de craindre les attaques de ce champignon microscopique (Monilia fructigena pour les fruits à pépins et Monilia laxa pour les fruits à noyau) qui peut occasionner des pertes très importantes. Les symptômes, facilement reconnaissables, se caractérisent par des tâches brunes couvertes de points blancs souvent répartis en cercles concentriques réguliers. Si vous devez vous absenter plusieurs semaines, appliquez à titre prévéntif un fongicide à base de fenbuconazole, en intervenant le soir ou le matin de bonheur et en prenant toutes les précautions d'usage.
Sachez toutefois que la lutte contre cette redoutable pourriture doit commencer très en amont. D'une part, en supprimant, à la fin de la saison, les fruits contaminés pour éviter qu'ils ne rester accrochés à l'arbre pendant tout l'hiver, et d'autre part en pulvérisant de la bouillie bordelaise juste avant la floraison au printemps. À l'automne, la suppression des mousses et des bois morts, qui servent de refuge aux spores pendant la saison froide, est également un bon moyen de contenir l'expansion de ce parasite qui s'attaque aussi bien aux pommes, poires, coings, pêches ou nectarines: la liste est longue.
Au potager
• Repiquez vos semis de chou-fleur. Ou les plants que vous vous êtes procurés en jardinerie. Vous récolterez ainsi de belles pommes de septembre à novembre. Le chou-fleur n'aimant pas les grandes chaleurs, vous veillerez à les installer à mi-ombre. Si vous devez vous absentez pour les vacances, attendez votre retour pour procéder à l'opération car cette culture demande un arrosage régulier pendant tout son cycle de végétaion. Les variétés Merveille de toutes saisons et Memphis F1 sont parmi celles qui conviennent le mieux en cette saison.
• Mildiou: ne baissez pas la garde! Cette redoutable maladie cryptogamique dont j'ai abondamment parlé au début du mois bénéficie en ce moment de conditions climatiques idéales. Traitez tomates, vigne et pommes de terre avec du sulfate de cuivre (bouillie bordelaise) sans attendre l'arrivée des premiers symptômes.
Chaque week-end, Marc Mennessier, journaliste au Figaro, ingénieur agricole et amoureux des plantes vous livre ses conseils et astuces pour faire de votre jardin un Éden.