Plus d'une centaine de plantes françaises appartenant au Muséum national d'histoire naturelle ont été incinérées par les services de biosécurité de l'île-continent.
Un patrimoine scientifique et historique vieux de 230 ans a été détruit par les douanes australiennes. L'objet d'une valeur inestimable qui a été incinéré par les services de biosécurité n'était pas australien mais français. Le Muséum d'histoire national d'histoire naturelle (MNHN) avait envoyé un herbier, datant du XIXe siècle et contenant plus d'une centaine de plantes, à des scientifiques de l'herbarium de Brisbane dans l'État du Queensland.
En décembre 2016, des chercheurs de l'île-continent avaient demandé au MNHN de les aider dans leurs expériences en leur prêtant cet herbier. Dans le monde de la science, c'est une pratique courante voire même indispensable pour faire avancer la recherche internationale. Après de longues procédures administratives, les Français envoient donc les plantes pour l'Australie en mars 2017. Selon le site du Guardian, «il manquait des documents de quarantaine pour passer la douane». Ces papiers certifient qu'il n'y a pas de microbes dans les spécimens qui passent la frontière. Ils sont généralement utilisés pour l'importation de fruits tropicaux ou d'animaux vivants et s'appliquent rarement à des herbiers.
Malheureusement le MNHN apprend quelques jours plus tard que, faute de papiers en règle, les 105 échantillons ont été détruits sans avertissement préalable par les services de biosécurité. «C'est une perte irréparable», déplore Michel Guiraud, directeur des collections du Muséum, au micro de Franceinfo. «Dans cet herbier, il y avait six spécimens types, c'est-à-dire des spécimens de référence, qui portent absolument tous les critères permettant de décrire une plante», ajoute-t-il.
Un trésor historique et scientifique
En Australie comme en France, les scientifiques sont tous accablés par l'incinération de ces plantes. «On a détruit des indices de la biodiversité d'il y a 200 ans, qui sont importants quand on veut étudier les changements climatiques», explique toujours Michel Guiraud à nos confrères. «Il y a des spécimens très anciens ou très difficiles d'accès, qui peuvent ne plus exister aujourd'hui», déclare une chercheuse australienne au Guardian.
«Cet herbier nous permettait d'avoir une vision de la diversité de la flore à un instant précis de l'histoire de la planète», confie Lucie René, étudiante en master de paléontologie au MNHN. «Cela nous permettait également d'apporter des preuves.
Ce qui fait la force d'un fait scientifique, c'est sa reproductibilité et sa fiabilité. Une fiabilité qu'on peut mesurer et approuver grâce à ces échantillons végétaux par exemple», ajoute-t-elle. «D'un point de vue patrimonial, cet herbier pouvait nous renseigner sur les connaissances et les pratiques scientifiques d'une époque à travers les techniques et les matériaux utilisés pour conserver les plantes», déclare l'étudiante.
Grâce à la numérisation de ce précieux herbier, les chercheurs du MNHN pourront toujours observer les spécimens détruits sur leurs écrans d'ordinateurs. Une bien maigre consolation car ils ne pourront plus accéder aux matières organiques qui composaient ces plantes. «Nous allons aussi suspendre les prêts, précise Michel Guiraud, le temps de savoir si ce sont des incidents isolés ou si les procédures du pays font peser une réelle menace sur nos collections», conclut Michel Guiraud
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