Adieu biscuits secs en sachet fraîcheur, barquettes de plats cuisinés et tranches de saumon fumé avec film protecteur! A Berlin, le premier magasin sans emballages a ouvert ses portes samedi alors que le recyclage des déchets devient une préoccupation grandissante.
Du café moulu colombien à l'huile d'olive grecque en passant par le savon au karité, tout est proposé en vrac chez "Original Unverpackt" ("Sans emballages d'origine").
On vient avec son sac en coton, ses bocaux en verre ou ses boîtes plastique et on les remplit de muesli, de riz ou de pâtes. Un système de consignes est également prévu pour les clients qui arrivent sans leur arsenal de contenants. Tout est ensuite pesé en caisse.
Ici on peut même apporter sa bouteille et la remplir de bière ou de vin rouge. Une envie de vodka? Elle est stockée dans une grande bonbonne et chacun peut acheter une fiole. Ou plus.
Idem pour les produits d'hygiène et la lessive. Le shampoing spécial cheveux gras est stocké dans un bidon de 10 litres muni d'un robinet. Quant au dentifrice, il est proposé en pastille.
Derrière ce magasin au décor soigné où l'on s'attend à voir apparaître l'épicier d'antan en tablier et crayon sur l'oreille, deux jeunes Allemandes de 24 et 31 ans, victimes d'une "overdose de suremballage".
"Il était important d'agir et d'être la solution au lieu juste de m'énerver contre la fin du monde programmée", souligne Milena Glimbovski, l'une des co-fondatrices.
- Ecologie préventive -
Avec le magasin sans emballages, il s'agit d'encourager une forme d'écologie préventive, le "precycling" plutôt que le recyclage de déchets, explique l'autre initiatrice du projet, Sara Wolf.
Les Allemands jettent en moyenne 16 millions de tonnes d'ordures par an, selon l'Office fédéral de l'Environnement.
Et les trois quarts des déchets retrouvés dans la mer sont des sacs, des emballages en plastique, des briquets et autres brosses à dent, qui mettent 350 à 400 ans à disparaître, selon le WWF.
"Notre société se préoccupe beaucoup trop peu du problème du plastique", estime la quadragénaire Kathrin Puzia qui compte faire ses courses "de temps en temps" dans ce magasin d'un nouveau genre.
"J'ai acheté des aubergines bio en pensant à l'environnement ", explique également une autre consommatrice, Lisa Specht. "Chacune était emballée dans un film en plastique. Où est le gain en matière d'écologie?", s'énerve-t-elle.
- Vente au poids -
Autre avantage non négligeable du magasin sans emballages: tout est vendu au poids. Fini donc l'achat d'un kilo de farine pour confectionner une fois par an une tarte aux poires ou une quiche lorraine.
On est loin ici du monde des hypermarchés avec néons où l'on pousse des chariots fatigués plein de produits au packaging racoleur.
"Outre le problème environnemental, l'industrie alimentaire joue avec nos sentiments pour nous faire acheter", explique Valentin Thurm, auteur d'un documentaire sur le gaspillage alimentaire.
"70% de nos achats sont des décisions spontanées d'où l'importance du packaging qui va avoir quelque chose de rassurant ou d'érotisant par exemple pour nous pousser à acheter", poursuit-il.
En Europe, le magasin sans emballages en est encore à ses balbutiements. A Bordeaux, en France, une épicerie de ce genre a ouvert ses portes en juillet. En Italie, deux magasins ont déjà vu le jour. La capitale autrichienne Vienne compte également une telle enseigne.
A Londres, en revanche, une expérience de ce type a échoué et l'échoppe a dû tirer le rideau.
Difficile pour le moment d'imaginer un grand supermarché sans le moindre emballages. "Ce concept doit rester un petit magasin de quartier pour combler les besoins du quotidien, par exemple +j'ai besoin de 150 grammes de maïs pour faire du pop-corn+", assure d'ailleurs à l'AFP Marie Delapérierre, qui a ouvert en début d'année le premier magasin sans emballage en Allemagne, à Kiel.
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