En France, la pratique du selfie est si répandue qu'elle vient de faire son entrée dans Le Petit Robert. L'autoportrait numérique est vieux comme Internet, mais sa célébrité à travers le monde croît à mesure que les réseaux sociaux se développent. Il connaît depuis peu une nouvelle vie en Tunisie, où il est aujourd'hui utilisé à des fins de sensibilisation.
Des habitants excédés par la saleté du pays s'en servent pour manifester leur émotion face à la situation d'insalubrité généralisée. Dans certaines régions, l'Etat est absent depuis la révolution et la fuite de Ben Ali, les agents chargés du nettoyage de la ville n'assurent plus le service, et les détritus s’amoncellent sans relâche. "Trois cent mille tonnes de déchets sont accumulées dans les rues", regrettait au début d'avril Abderrazek Ben Khalifa, le secrétaire d'Etat chargé des affaires locales.
Sur Twitter, les centaines de selfies "ego-trash" font écho à ceux de la ministre du tourisme tunisienne, Amel Karboul, VRP en chef du pays, immanquablement positifs et politiquement neutres. Côté pile : palais et paysages paradisiaques, côté face : mouches, rats morts et immondices.
"Un article de la nouvelle Constitution garantit à chaque citoyen un environnement sain", assure Heker Besbes, jeune journaliste à l'origine de la page Facebook Selfi Poubella, qui compte déjà plus de 13 000 fans. Les Tunisiens, bien décidés à faire honte au pouvoir, y publient leurs autoportraits sur fond d'ordures. Depuis sa création, des centaines de clichés y ont été postés, donnant invariablement l'impression que la Tunisie n'est plus qu'une décharge géante.
"Montrons aux responsables de ce pays le vrai visage de nos rues et la pollution de l'environnement", peut-on y lire depuis la mi-mai. Le "mois de la propreté" du gouvernement tunisien venait de s'achever.
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