jeudi 10 avril 2014

Cloitrés dans des boîtes, pourtant nous ne sommes pas des cul-de-jatte

Portrait - A 76 ans, cet ancien journaliste a longé la Loire, le chemin de Compostelle, a sillonné la route de la soie… Toutes ses marches l'ont reconstruit et lui ont (re)donné l'envie de vivre.

« Nous sommes des animaux fabriqués pour la marche. Mais le progrès nous a fait régresser. Dans une journée moyenne, un employé de bureau n’est même pas une heure sur ses pieds. On mène une vie de cul-de-jatte ! Or, le corps s’use que si l’on ne s’en sert pas. » L’homme discourt à la terrasse d’un café parisien, plongé dans l’embarras d’une météo mi-pull, mi-pardessus que l’hiver dispute encore au printemps. A 76 ans, Bernard Ollivier (1) fait une escale parisienne. « Il y a une fonction thérapeutique dans la marche, pour le corps et pour la tête. Ce n’est pas un hasard si toutes les religions pratiquent le pèlerinage. C’est une activité spirituelle. »

Bernard Ollivier marche depuis seize ans. Depuis que parvenu au bord de la retraite, il a plongé tout au fond. « D’un seul coup, il n’y avait plus rien. Ma femme était morte dix ans avant et je n’arrivais pas à dépasser ça. J’ai fait une super déprime et une tentative de suicide. Comme j’ai raté mon coup, j’ai voulu m’enfuir et je suis parti sur le chemin de Compostelle. » Cet ancien journaliste n’avait encore jamais marché. Il a enfilé ses chaussures à Paris, filé vers Vézelay (Yonne), le Puy-en-Velay (Haute-Loire), Saint-Jacques. Avalé 2 360 kilomètres en trois mois.

« Ce fut mon miracle à moi. Au bout de trois semaines, j’ai recommencé à faire des projets d’avenir. Je me suis rendu compte que j’étais capable de faire 35 kilomètres et d’être frais comme un gardon le soir. »

Des neiges du Pamir aux ruelles de Kashgar

De retour de son périple, pas question de suspendre son pas. Il pense, un temps, sillonner la piste de Santa Fé qui relie le Missouri au Nouveau-Mexique, aux Etats-Unis, « mais ça ne faisait que 6 000 kilomètres. Le problème de la retraite, c’est le temps libre ». Alors il opte pour la route de la soie, ce long faisceau de pistes par lequel transitait autrefois la précieuse étoffe chinoise et qu’il empruntera, lui, à rebours. Il commence son « voyage à plat ventre », le nez plongé dans des cartes, au sol même de sa campagne normande. Ce sera 12 000 kilomètres entre Istanbul et Xi’an en Chine, des hauts cols d’Anatolie au désert de Karakoram, des neiges du Pamir aux ruelles de Kashgar. Le tout en quatre ans à raison de trois mois par an. La première année, il est rentré en ambulance : « Mais c’était tellement formidable la découverte de ces cultures, de ces paysages, c’était un bonheur total. »

Avant de partir pour son périple, il avait confié son projet à quelques éditeurs, emporté l’enthousiasme de l’un d’eux et un accord pour 4 livres, un par an. Il y en aura 3 qui se vendront à 400 000 exemplaires : « J’ai gagné un blé pas possible. C’était un jackpot extra. » Or, l’homme de son propre aveu, « n’a pas besoin d’argent ». Il a acheté « à la bonne période », un petit appartement à Paris, une ruine en Normandie qu’il retape trente ans durant. Que faire de son pécule ?

Sur le chemin de Compostelle, il a entendu l’histoire de deux jeunes Belges : « C’étaient des délinquants à qui un juge intelligent avait dit “soit vous faites quatre mois de prison, soit vous allez marcher”. Ça a fait tilt. Si la marche m’a reconstruit, alors pour des gamins… » L’homme remonte leur trace et tombe sur une association « Oikoten », un terme grec qui signifie à la fois « hors de son pays » et « par ses propres moyens ». Dans le sillage de l’organisation flamande, le voilà qui crée, en mai 2000, l’association « Seuil » (Voir encadré au bas de cet article) qui permet « la réinsertion des adolescents en grande difficulté par la marche à pied ». Depuis, chaque année, une vingtaine de jeunes parcourent les routes d’Europe pour reconstruire une fierté perdue ou jamais construite.

La Loire, en canoë et à pied

« C’est très proche de ce que j’ai vécu, confie Bernard Ollivier. Avec la marche, j’ai retrouvé des raisons de vivre et je suis revenu avec un projet d’association qui a changé ma vie. Sinon je ferais quoi ? J’attendrais l’heure des Chiffres et des lettres ? Je ferais des crêpes pour la Chandeleur ? Je trierais les 3 722 cassettes de ma bibliothèque ? » Alors il continue à mettre un pied devant l’autre. Il y a quelques années, il a descendu la Loire, en canoë et à pied. C’est là qu’il a croisé sa compagne qui « galope » depuis, à ses côtés. Avec elle, il y a deux ans, il a relié Rouen (Seine-Maritime) au Mont-Saint-Michel (Manche) sur le chemin des Ducs et de son enfance. L’an passé il a marché de Lyon à Vérone et finit, avec sa belle, « en amoureux sous le balcon de Juliette ». Cette année, il reliera Vérone à Istanbul, finira par le début, cette route de la soie entamée il y a 16 ans. La boucle sera bouclée. « Après j’arrête, j’ai 76 ans, de l’arthrose, mal au genou. Mais je continuerai à faire des balades. »

Marcher pour se sauver

« On peut sauver des vies en étant pompier, infirmier, flic, moi j’ai décidé de sauver ma vie en marchant. » Le témoignage de Ocxxx, une jeune fille de 17 ans de la région parisienne s’affiche, parmi des dizaines d’autres, sur le site de l’association Seuil. Créée en 2000 par Bernard Ollivier, celle-ci envoie, chaque année, une vingtaine de jeunes marcher sur les routes d’Europe. En duo avec un accompagnant, ils parcourent en trois mois près de 2000 kilomètres. « Ce sont des jeunes en fin de course qui sont en manque de maturité, déscolarisés. Certains sont en prison pour de courtes peines. Ils ne sont pas tous délinquants mais ils sont tous complètement largués », souligne Bernard Ollivier. « Les ados qui vont en prison récidivent à 85% dans l’année, nous on réussit à 85 % et on coûte 10 fois moins. » Et l’homme de poursuivre : « Quand ils reviennent, personne ne les reconnaît. C’est miraculeux. Y’en a un un jour qui m’a dit : “Je suis parti, j’étais un blaireau. Je suis revenu, un héros”. »

(1) Bernard Ollivier est actionnaire de la première heure de Terra economica SAS, la société éditrice de Terra eco

A écouter sur France Culture : « Ma longue marche », le carnet de route sonore d’Idan lancé sur les chemins de Compostelle par l’association Seuil.

article via terra eco

Suivez nos conseils et vous ne vous souviendrez plus comment vous avez pu imaginer que c’était un effort…

Lève-toi et marche !

- Achetez un podomètre

Savoir combien de pas on fait dans la journée, c’est la base pour mesurer combien on est devenu sédentaire (et s’en effrayer !). Procurez-vous donc un podomètre. Il existe plein d’applis pour smartphones, dont plusieurs gratuites. Elles ne sont guère fiables, mais donnent, sur plusieurs jours, un ordre d’idée du nombre de pas effectués. Mieux vaut quand même investir directement dans un vrai podomètre, que l’on porte en bracelet ou à la ceinture (à partir de 10 euros).

- Snobez l’ascenseur

Eh oui, vous le savez déjà, mais pour marcher plus, il vaut mieux emprunter les escaliers, descendre plus tôt du bus ou du métro et faire le reste du trajet à pattes, faire ses petites courses sans voiture, profiter de sa pause de la mi-journée pour faire un tour ou faire les cent pas pendant un coup de téléphone. Pour éviter de vous ennuyer, écoutez de la musique ou discutez avec une connaissance : vous ne vous rendrez même pas compte que vous êtes déjà arrivé !

- Enfilez de bonnes chaussures

Pour marcher plus, il faut se sentir bien dans ses baskets, au sens propre. Laissez donc les chaussures inconfortables au placard et pour les longues distances, enfilez celles dans lesquelles vous n’avez jamais eu d’ampoules. Et si vous avez besoin de chaussures chic pour le boulot, faites comme les New-Yorkais : laissez-en une paire au travail ou emportez-les le matin avec vous. Porter un poids lorsque vous marchez vous fera perdre encore plus de calories !

- Fixez-vous un but

Marcher, c’est bien ; éviter de se décourager, c’est encore mieux. Dès le départ de votre balade, prévoyez donc une pause dans votre café préféré au bout de trente minutes environ. Fractionnez votre temps : si vous ne pouvez pas marcher une demi-heure d’affilée dans la journée, mettez-vous en tête de le faire en trois fois dix minutes. Et notez chaque jour dans votre calendrier la distance que vous avez parcourue. Cela motive de constater que l’on atteint son but !

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