Heure d'été : dix plantes et un fruit pour mieux dormir
Dans la nuit de samedi à dimanche, nous passerons à l'heure d'été avec ses merveilleuses, longues et, parfois, trop longues soirées. Ceux qui peinent à trouver le sommeil pourront se tourner vers les plantes qui ont l'avantage d'aider à dormir sans entraîner d'addiction.
Inventaire.
Du jet lag du voyageur au long cours à l'anxiété de l'étudiant à la veille d'un examen en passant par le sommeil fractionné de la personne âgée ou l'horloge biologique décalée du travailleur nocturne, les troubles du sommeil ont des origines multiples et variées. Le passage à l'heure d'été, qui intervient dans la nuit de samedi à dimanche, peut momentanément les amplifier ou les aggraver. Pour passer ce cap, difficile pour certaines personnes, les plantes peuvent être un bon moyen d'aider notre organisme à remettre les pendules à l'heure, à condition de ne pas s'interdire de consulter un spécialiste si les symptômes persistent. Le grand avantage de la phytothérapie dans ce domaine est de ne pas générer de dépendance, comme le font certains médicaments.
Quid, à ce propos, du pavot somnifère (Papaver somniferum)? Le botaniste Jean-Marie Pelt surnomme cette plante, à la réputation sulfureuse, la «reine de toutes les drogues» car c'est elle qui fournit l'opium, la morphine et ses dérivés comme l'héroïne. À éviter… En revanche, d'autres membres de la famille des Papavéracées sont des calmants que l'on peut consommer sans crainte. C'est ainsi que l'on retrouve des pétales de coquelicot dans certains «mélanges pectoraux» car ils aident à calmer la toux. Le pavot de Californie, également appelé Eschscholtzia,du nom du botaniste qui le ramena en Europe au XIXème siècle, a des vertus apaisantes pour les personnes surmenées et facilite l'endormissement. Très recherché par les jardiniers pour la beauté de ses couleurs, le pavot bleu de l'Himalaya (Meconopsis betonicifolia) aide, quant à lui, à lutter contre les insomnies légères.
Jus de cerises
Granny's Secret produit un jus contenant 52 % de griottes, pasteurisé à 70°C.
Désormais, les phytothérapeuthes y réfléchiront à deux fois avant de jetter les cerises pour ne garder que leurs queues aux propriétés diurétiques bien connues. L'an dernier, des chercheurs de l'Université de Louisiane (États-Unis) ont publié une étude démontrant l'effet positif du jus de griottes sur le sommeil: une prise quotidienne de 500 millilitres pendant au moins deux semaines permet d'allonger la durée du sommeil de 60 à 90 minutes et d'améliorer sa qualité chez les personnes insomniaques.
Non seulement, la chair de cette petite cerise acidulée est source de mélatonine, une hormone importante pour le cycle veille-sommeil, mais elle contient aussi des proanthocyanidines, des antioxydants qui déclenchent la synthèse de sérotonine (un neurotransmetteur responsable de l'endormissement) en inhibant la dégradation du tryptophane, son précurseur.
Avant de se ruer sur les rares bouteilles du jus magique, il faudra prendre garde à certains détails. Le jus est souvent dilué (eau, autres jus rehausseurs de goût…) et, au-delà de 80°C, la pasteurisation dégrade les antioxydants. Donc, choisissez du jus frais ou «flash pasteurisé», c'est à dire avec une date de péremption plus courte.
Dans son ouvrage Les remèdes de A à Z, Michel Pierre préconise la Griffonia simplicifolia pour lutter contre l'insomnie. Cette légumineuse, originaire d'Afrique, produit des graines qui contiennent du 5-Hydroxytryptophane 5, un précurseur immédiat de la sérotonine. L'extrait sec de griffonia en gélules est également utilisé avec succès dans le traitement de la dépression nerveuse.
Eau de mélisse
La valériane, «herbe aux chats» qui a l'étranger capacité d'exciter nos matous, est depuis la nuit des temps un remède infaillible pour calmer les nerfs et prodiguer un bon sommeil. Pour certains l'effet est immédiat, mais parfois on ne voit de bons résultats qu'après trois semaines de cure. Elle est souvent associée à l'aubépine et à la passiflore, des sédatifs cardiaques doux qui aident à lutter contre palpitations et hypertension. Quant à la mélisse officinale, ses bienfaits contre le stress et l'insomnie sont exploités dans la célèbre «Eau de mélisse des carmes Boyer», une préparation alcoolique qui compte néanmoins 23 autres plantes et épices.
Bras de Morphée
Pour une bonne nuit de sommeil réparateur, il est important d'arriver à se relaxer avant de tomber dans les bras de Morphée. On peut alors compter sur les effluves parfumés de plusieurs plantes. L'huile essentielle de fleurs d'oranger amer (Citrus aurantium ou bigaradier) utilisée en massage, en mélange avec une huile neutre (amande par exemple), a un effet apaisant pour le système nerveux. En infusion, les fleurs donnent une tisane qui calme l'irritabilité.
La lavande, qui sent bon le frais et le propre, est un remède traditionnel contre l'insomnie. Utilisée pour parfumer draps et tiroirs, glissée en fleur dans les oreillers ou appliquée sur les tempes et les poignets sous forme d'huile essentielle, son action sédative a été démontrée par de récents travaux scientifiques.
Moins connu, mais toujours issu de la tradition (surtout dans les pays du nord de l'Europe), le lupulin, l'inflorescence femelle du houblon (humulus lupulus), est lui aussi placé dans les oreillers. Les cônes de cette plante grimpante, qui servent aussi à aromatiser la bière, contiennent en effet une substance narcotique (le méthybuténol) mais aussi des phytoestrogènes. On les utilisera donc avec parcimonie.
Madeleine de Proust
S'il ne déclenche pas toujours l'écriture d'un roman, comme la madeleine de Proust trempée dans l'infusion de la tante Léonie, le tilleul (Tilia cordata) est un antispasmodique agissant à la fois contre la toux et l'insomnie. La camomille, tant la romaine que l'allemande, (Chamomilla matricaria), aide à surmonter aussi bien le stress que les digestions difficiles. Les habitudinaires peuvent continuer à boire leur tasse de camomille le soir, avant de se coucher… l'habitude est elle aussi un excellent marchand de sable!